Edith Frot-Pelletier

Edith FROT-PELLETIER

Dans l’univers le vide n’est pas vide, il contient toute son énergie.

Pour moi, dans la sculpture le vide résonne, je ne maîtrise rien – ou presque -.

Je cherche, je défriche, je me laisse guider. Je suis une exploratrice de sensations, d’émotions, au milieu de cette terre…Ce vide me surprend et me donne du plein, plein d’énergie, de plaisir, de douleurs, de joie et alors j’avance comme une fourmi vers l’inconnu…une nouvelle œuvre ?

Je ne comprends pas toujours ce qui se passe dans ce dialogue entre moi et cette terre si riche de la poussière du passé, de notre passé, créant et recréant la vie sous différentes formes parfois dure, glacée, hostile, mais également si douce et sensuelle.

C’est un corps à cœur, un contact primitif qu’il faut vivre c’est tout.…

Mes premiers touchers de la matière, datent de mon enfance avec mon père charpentier-artiste, qui dessinait et travaillait le bois avec passion. J’aimais aller avec lui sur les chantiers, j’aimais le regarder créer, je ponçais avec lui ce bois chaud sous la main.

La création artistique et la sculpture plus particulièrement pour moi restent une énigme, un mystère, une étrangeté, m’entraînant toujours dans une proposition et une réflexion, me faisant questionner mes limites.

Le visible, l’invisible s’invitent alors…faut-il les comprendre ?

Peut-être est-ce l’origine mystérieuse de la création artistique ?

Sculpter n’est pas représenter seulement une musculature, mais aide à faire passer dans un mouvement les passions, émotions qui m’animent, l’Art, la Danse, la Poésie de la forme. Cette transformation de la matière offre une spontanéité d’exécution, laissant apparaître des volumes et mouvements insoupçonnés.

Mon souhait ?

Laisser encore inscrites çà et là quelques traces, humbles et spontanées, dans cette terre si pleine de richesse.

DEMARCHE ARTISTIQUE

J’aime appréhender et travailler la terre brute, d’une manière simple et primitive, avec mes mains, un couteau et un morceau de bois faisant l’affaire. Je peux également la griffer, la strier, la déchirer…mais aussi la frôler, la toucher doucement avec volupté.

Également, expérimenter différentes techniques, les effets de matière… l’instabilité.

En fait je m’adapte à mon ressenti, au Sujet qui arrive, dans un dialogue muet, abstrait, sans artifice, le représenter sans forcément le trouver ou le « réussir ».

Parfois, je ne vois plus rien, que me raconte-t-elle cette terre, que veut-elle me dire ? pas grave, j’avance avec joie et recommence, laissant aller mon imaginaire, ma sensibilité et surtout palpiter mon cœur.